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L'affaire des brigades marseillaises

 

      Le lendemain de son quatorzième anniversaire, Bertrand se vit confier un scooter par le tribun de sa compagnie ordinaire, avec la mission de patrouiller dans les rues proches des collèges. Il repéra un jeune qui roulait sans casque. En voulant le suivre, il se planta dans des balises souples et se blessa légèrement. Il fut conduit à l'Hôpital Nord.
      Quelques jours auparavant, un jeune homme qui n'était pas un Compagnon avait été tué dans un règlement de comptes. Son cousin domicilié à Lille y était Enquêteur. Rendu fou furieux par cet assassinat, il arriva à Marseille pour enquêter seul, au mépris des règles des Compagnons et sans même les avertir.
      Le jour de l'accident de Bertrand, l'Enquêteur rebelle fut attiré dans un guet-apens et très sérieusement blessé en pleine rue. Les marins-pompiers le conduisirent à l'Hôpital Nord. Bertrand, qui s'apprêtait à rentrer chez lui après y avoir été soigné, assista à l'arrivée concomitante de l'ambulance et d’un planocar. En effet, Astrokastron, averti par le biolocalisateur de l'Enquêteur, l’avait envoyé en urgence afin de récupérer l’adolescent pour le transporter à l'Hôpital Spécial des Compagnons (HSC). L'échange fut effectué à l'entrée des urgences sous le contrôle d'un médecin-urgentiste et ne fut pas enregistré dans les registres de l'hôpital.
      Quelques minutes plus tard, deux policiers se présentèrent et exigèrent de consulter ce registre. Ils confondirent alors l'enquêteur avec Bertrand dûment inscrit en tant que Compagnons blessé dans l'exercice de ses fonctions. Son adresse personnelle n'y figurait donc pas.
       Ils se rendirent aussitôt au local de la Compagnie et ils réclamèrent que celui-ci leur soit remis. Le Tribun leur rappela la règle en vigueur. Celle-ci nécessitait que la demande transite par la voie hiérarchique et parvienne au Consul marseillais des Ordinaires en vue d'un examen préalable par la Cour des responsabilités. Il les renvoya vers le Consul. À Marseille, toutes les filières partagent le même siège. Alerté par le vacarme fait par les policiers, l'Archonte des services spéciaux alla prêter main-forte à son collègue des Ordinaires.
       Ils convinrent tous les deux d’autoriser, exceptionnellement, les policiers à interroger Bertrand devant eux. Un planocar fut envoyé pour le chercher. Mis en sa présence, les deux hommes voulurent menotter Bertrand. L'archonte s'y opposa par la force. Dépités et furieux, les policiers partirent en claquant les portes. Le planocar raccompagna Bertrand chez lui.

Le lendemain à midi, Bertrand, accompagné par son copain, rentrait à son domicile pour déjeuner au sortir de son collège. Une voiture surgit. Il fut happé à l'intérieur. Le véhicule démarra à toute vitesse. Son ami téléphona aussitôt au tribun qui lança l'alerte générale.
       Pendant ce temps, Bertrand fut interrogé avec des méthodes plus que vigoureuses pendant une longue heure. Un homme les prévint que le quartier grouillait de planocars, de Phulax et de volandos. Les ravisseurs s'aperçurent alors que Bertrand portait un bracelet que les policiers reconnurent. Il fut jeté dans une voiture qui sortit d'un garage. Quelques mètres plus loin, la portière s'ouvrit et Bertrand fut jeté au pied de deux Phulax.
       Il fut transporté endormi à l'HSC et regagna le lendemain son domicile au pied duquel deux Phulax se relayaient.

      Deux jours plus tard, un samedi, un adolescent de dix-sept ans sonna à la porte. Il se présenta comme un Enquêteur des Compagnons et déclara s'appeler Alex. Il écouta soigneusement le récit de Bertrand et sollicita son aide, accordée sans hésitation. Sa mission consistait à accompagner Alex de loin et, au moyen d'un communicateur, lui faire visiter toute la ville.
       Le lendemain, Bertrand aperçut un gros asiatique en train de discuter avec Alex dans un tramway pendant que lui-même roulait en skate sur le trottoir. Il apprit le soir que l'individu était un membre éminent de la plus importante des Triades chinoises.
       Bertrand n'hésita pas un instant à se proposer pour assister Alex.
       La suite de ce dossier est classée confidentiel-privé.

Pour rappel, les dossiers des Enquêteurs sont classés en six niveaux :

  • sans restriction : consultable par tous publics.

  • — restreint Compagnons : consultable, uniquement, par les Compagnons.

  • — confidentiel : consultable si nécessaire pour la conduite d'une enquête en cours.

  • — confidentiel-privé : consultable, uniquement, sur autorisation du sunarchonte.

  • — initié : consultation réservée aux initiés.

  • — confidentiel-initié : consultable par un initié uniquement sur autorisation du sunarchonte.

  • — confidentiel-GCG: consultable uniquement sur autorisation du Grand Conseil Général.

 

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